Où va la réforme territoriale au Maroc ?
Neuf stratégies de réformes sur dix, échouent à cause d’une gestion inefficiente du processus de mise en œuvre (Forbes 2012). Ce constat, plutôt alarmant qui s’applique au monde des affaires, peut fort bien s’appliquer aux réformes engagées dans nos administrations. A ce propos, la réforme territoriale au Maroc, offre aux observateurs bienveillants que nous sommes, un champ d’expérimentation particulièrement fertile.
Après l’enthousiasme et l’euphorie qui ont suivi la réforme constitutionnelle et l’adoption des lois organiques, les élus locaux doivent aujourd’hui relever de nombreux défis. Il s’agit d’abord pour eux de réussir la mise en œuvre opérationnelle de leurs plans de développement, de mobiliser les ressources nécessaires, de veiller à l’intégration et à la convergence des actions et de créer de nouvelles opportunités d’emploi pour les jeunes. Pour mener à bien cette ambitieuse entreprise, il est demandé aux élus à la fois, de réussir, à mettre en place, ex nihilo, une administration régionale performante, et de réaliser dans les délais, leurs programmes de développement.
Face à cette double exigence, et compte tenu de l’indigence des ressources, dont sont actuellement dotées les administrations régionales, il est peu probable, à terme, que l’exécution des programmes soit menée de façon performante et réponde aux attentes des populations. Face à ce risque évident que les acteurs locaux évoquent sans hésiter, il est tout à fait légitime de s’interroger sur l’efficacité des actions menées à ce jour par l’État pour accompagner la réforme territoriale en cours.
L’accompagnement des Collectivités décentralisées, nécessite en effet, l’existence d’une vision claire et d’une stratégie de changement, un schéma directeur de modernisation de l’Administration d’État dans ses rapports avec le territoire, l’introduction de la culture du management et de la performance et le développement des compétences nécessaires pour la conduite de la réforme.
Abdelouahad OURZIK
Professeur à L’Ecole Nationale
Supérieure de l’Administration (ENSA), vice- président de l’OMAP.